[Mis à jour le 2 avril 2020]

L’épidémie de coronavirus et les mesures de confinement qui l’accompagnent créent une situation tout à fait exceptionnelle pour tout.e.s les travailleurs.ses et étudiant.e.s au sein de l’Université. Dans ce contexte, certains peuvent être tentés de nier la crise en prétendant qu’il est possible de poursuivre leurs activités comme avant. Plutôt qu’une fuite en avant, nous pensons qu’il faut au contraire reconsidérer de manière approfondie les contenus et les objectifs du travail universitaire. Le recours au télétravail doit aussi s’accompagner d’autres mesures contribuant à revoir, dans le même temps, les contenus, échéances et objectifs.

La vie quotidienne bouleversée

La fermeture des écoles et des crèches impose, aux parents et proches, qu’ils soient étudiant.e.s, chercheur.ses ou enseignant.e.s, de reconsidérer la manière d’articuler les temps de travail et hors travail. Pour beaucoup, il s’agit de prendre en charge des enfants ou la réalisation des courses par solidarité à l’égard de personnes malades ou maintenues au travail. Plus largement, la réorganisation de la vie quotidienne aura forcément des conséquences sur l’atteinte des objectifs professionnels de chacun et chacune.

Des solutions pour la recherche contractuelle et les assistant.e.s

La majorité des chercheur.ses et des assistant.e.s n’ont pas la possibilité de continuer leurs recherches dans des conditions normales en raison des bouleversements dans leur vie quotidienne et des restrictions d’accès aux terrains, ressources ou laboratoires. Il est nécessaire que des solutions soient trouvées pour toutes celles et ceux qui arrivent en fin de contrat. Un report des échéances ainsi qu’une diminution des objectifs de recherche doivent être envisagés. L’Université et les promoteurs doivent engager des négociations en ce sens, en concertation avec les organismes de financement et de publication.

La charge de travail de l’enseignement à distance et son inefficacité

Le message selon lequel les cours seront dispensés à distance pose question. Il ignore la charge de travail importante d’adaptation des supports et des formes de l’enseignement ainsi que le manque de maîtrise des outils technologiques nécessaires. Plus fondamentalement, la recherche scientifique a montré que l’enseignement à distance et la visioconférence ne constituaient pas des solutions de remplacement à l’enseignement présentiel et handicapaient en premier lieu les étudiant.e.s en situation de précarité.

Une vigilance accrue par rapport aux solutions informatiques

L’épidémie actuelle est une opportunité pour externaliser les outils de visioconférence et d’enseignement en ligne au détriment de solutions libres. Les outils Microsoft imposés par les Autorités comme solution unique enregistrent les données professionnelles et personnelles sensibles, en potentielle infraction avec le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD). Elles pourraient être utilisées, demain, pour assurer le contrôle managérial du travail ou la création d’indicateurs de gestion. La crise que nous connaissons ne doit pas être l’occasion d’une nouvelle dépendance à des opérateurs privés (sur le modèle que nous connaissons déjà avec les éditeurs scientifiques) ou d’un changement de modèle de l’Université. Le financement d’un gigantesque plan informatique sur les reports de crédits pour partie dédiés à la recherche et à l’enseignement ne paraît pas aller dans le bon sens alors que la crise sanitaire est sur le point de se transformer en une crise économique et sociale.

Penser la condition étudiante

Nous appelons tout.e.s nos collègues à tenir compte des réalités auxquelles font face leurs étudiant.e.s actuellement: confinement sans lieu propice à l’étude et sans outils adaptés (ordinateur performant et connexion internet suffisante) pour certain.e.s, perte de leurs revenus étudiants sans compensation et potentiellement maladie d’eux-mêmes ou de leurs proches. Dans une période si sensible, il est tout à fait acceptable de réduire une large part de la matière. Nous considérons que c’est bien une adaptation des contenus des cours et des critères d’évaluation qui doit être privilégiée par les enseignant.e.s au lieu d’un simple basculement vers l’enseignement à distance.

Et ensuite?

Nous sommes intéressé.e.s par vos retours sur la poursuite de l’enseignement et de la recherche dans les conditions actuelles. N’hésitez pas à nous envoyer vos témoignages à l’adresse suivante: cgsper@ulb.ac.be.

Le Comité de la CGSP Enseignement-Recherche