Nous vous invitons à nous rejoindre pour une Assemblée Générale le jeudi 6 février de 12h à 14h (local AW.1.120)lors de laquelle nous déciderons des actions à mener à l’ULB dans le cadre de la journée de grève inter-professionnelle du jeudi 13 févier.
Nous vous appelons d’ores-et-déjà à vous joindre à la grève et à communiquer auprès des étudiant.es sur la levée des cours pour éviter qu’ils et elles soient pénalisé.es par les perturbations, et permettre à tous et toutes de rejoindre les piquets à l’ULB puis à la manifestation en front commun qui partira à10h30 de la gare du Nord.
Pour cette mobilisation, et les suivantes, nous aurons besoin de votre soutien. Rejoignez-nous et n’hésitez pas à vous affilier via ce lien.
Pourquoi se mobiliser ?
Face au catalogue de mesures qui sont prises ou annoncées tout azimut par les (futurs) gouvernements , nombre d’entre nous sont sous le choc. Les attaques verbales se multiplient et préparent le terrain à des menaces très concrètes, visant non seulement les revenus du travail, les revenus de remplacement (allocations sociales et revenus d’intégration, qui touchent les publics les plus fragilisés) mais aussi, plus généralement, les services publics et tout ce qui relève de la sphère non-marchande (où les femmes sont surreprésentées, notamment dans le secteur du soin aux personnes).
La pire des réponses à opposer à ces attaques serait le repli sur soi, la passivité, l’à-quoi-bonnisme ou le défaitisme car ils ne feraient qu’accélérer ce que le néo-libéralisme cherche à faire de nous : des individus isolés les uns des autres, interchangeables, « flexibles », et incapables de se fédérer pour défendre une autre vision du travail, de la société et des façons d’être au monde.
Se mobiliser ensemble aujourd’hui contre ce qui nous nuit est une manière de ne pas se résigner à vivre dans la dystopie du monde-entreprise qui se dessine. C’est aussi une façon de forger ensemble de nouvelles capacités d’action, des occasions de discuter, de se former, d’expérimenter très concrètement les liens de solidarité et la nécessité de se sentir unis. En cela, se mobiliser est toujours porteur, enthousiasmant et énergisant.
Des situations concrètes à l’université…
Depuis près de 30 ans (réformes Onkelinx-Lebrun de 1995-1996), que nous soyons étudiants, assistants, chercheurs ou professeurs, nous expérimentons la dégradation continue de nos conditions d’étude et de travail. Auditoires bondés, impossibilité de suivi pédagogique, surcharge permanente des enseignants et du PATGS, charges mentales et administratives insoutenables, burn-outs en série… Le sous-encadrement structurel et la pression à décrocher des fonds extérieurs privés pour la recherche, qui se sont amplifiés au cours des dernières années, engendrent des dégâts sur la santé de tous et fragilise encore plus les étudiants les plus fragiles.
A cette situation délétère, le gouvernement de la FWB vient ajouter de nouvelles mesures qui visent spécifiquement les étudiants les plus pauvres notablement les étudiants étrangers hors Europe (c’est-à-dire provenant principalement de pays pauvres) qui verront leur minerval augmenter à près de 5000€ (!) dès la prochaine rentrée académique. La mesure est d’autant plus cynique qu’elle vise à compenser la diminution de l’enveloppe allouée aux universités (6,5 millions) décidée par ailleurs… Ce sont donc les plus pauvres qui devront contribuer à renflouer l’enveloppe amaigrie. Une baisse de financement public compensée par du financement privé. Par ailleurs, le FNRS a vu son financement diminuer d’1.5 millions d’euros, l’ARES devrait également voir son budget diminuer de 21%, notamment via le gel de l’indexation.
Ces mesures ne sont probablement qu’un avant-goût de ce que cette législature nous réserve, les mesures déjà prises ou qui sont annoncées dans l’enseignement obligatoire devraient nous alerter sur ce qui pourrait se profiler dans l’enseignement supérieur.
… aux mesures prises dans l’enseignement obligatoire
Car dans l’enseignement obligatoire, la situation est devenue intenable. Soumis à des réformes sans fin depuis près de 35 ans (depuis les mouvements des années 1990-1991), les conditions de travail s’y sont tellement dégradées que le métier fait fuir les plus jeunes, la pénurie d’enseignant.es est criante à tous les niveaux. Et dans le supérieur, les filières qui y forment se vident progressivement de leurs étudiants tant en hautes écoles qu’à l’université. Rappelons que la récente réforme de la formation initiale des enseignant.es (RFIE) a allongé les études pour les étudiant.es des hautes écoles sans prévoir aucune valorisation salariale. Que la mise en place de la RFIE a été assortie de moyens ridicules aux universités pour assumer sa mise en place, conduisant de facto à faire pire que mieux.
Plutôt que de remettre en question des réformes qui tuent le métier d’enseignant.e à petit feu, le nouveau gouvernement de la FWB, dès son entrée en fonction, a pris des mesures pour limiter la dotation de l’organisme Wallonie-Bruxelles Enseignement, pour diminuer l’enveloppe pour la réfection des bâtiments scolaires, ou pour augmenter la charge de travail des enseignant.es. Avec de telles mesures, c’est sûr, le métier va faire rêver!
Dans le même temps, le gouvernement s’est attaqué frontalement au statut des enseignant.es, sous couvert de vouloir mener à une stabilisation rapide des carrières. Or, en voulant offrir un CDI rapide aux jeunes qui entrent dans le métier, c’est précisément l’inverse d’une stabilisation qui va se produire : un CDI est un contrat auquel on peut facilement mettre fin, contrairement à un emploi statutaire. Profitons pour rappeler que, contrairement aux idées reçues, le statut n’empêche pas les sanctions, des procédures existent pour sanctionner les agent.es qui n’assument pas correctement leurs tâches.
Le contrat statutaire actuel protège les enseignant.es de l’arbitraire d’une direction ou d’une autorité publique. C’est une garantie pour les enseignant.es de pouvoir se prémunir des pressions et chantages qui s’exerceraient sur eux. Dorénavant, un changement de majorité dans une commune pourra s’accompagner du licenciement des enseignant.es trop critiques, par exemple. Créer différents statuts au sein d’une même entité est par ailleurs une stratégie pour dresser les uns contre les autres afin de niveler les conditions de travail par le bas.
Par ailleurs, au niveau des élèves, le gouvernement s’est d’emblée attaqué aux plus fragiles, par exemple en supprimant ou limitant de façon drastique la possibilité d’une 7e année dans l’enseignement qualifiant et professionnel, ou en annonçant vouloir rationaliser l’offre de formations (centralisation territoriale et administrative) qui conduira de facto à l’exclusion de nombreux jeunes qui ne peuvent s’offrir d’aller étudier loin de chez eux (d’autant que la gratuité de l’abonnement au TEC pour les 18-24 ans vient d’être supprimée!).
En clair, on assiste à une dévalorisation générale du métier d’enseignant.e et à la dégradation annoncée de l’accessibilité et de la qualité de l’enseignement, et ce à toutes les étapes du parcours scolaire. Il ne faut pas être grand clerc pour voir qu’il s’agit là d’une stratégie qui conduira de facto à la privatisation et à la libéralisation de nombreux segments de l’enseignement.
La stratégie à l’œuvre dans l’enseignement obligatoire est la même que dans d’autres services publics, on stigmatise les « privilégié.es » au statut « si enviable » contre qui on monte les derni.ères engagé.es contractuel.les. Sans réaction, les enseignant.es connaitront le même destin que les postiers : disparition du statut de fonctionnaire, conditions contractuelles dégradées (en plus des attaques sur les pensions) et intensification du travail. L’exemple est reproductible tant au niveau communautaire qu’au niveau fédéral.
Pourquoi l’université serait-elle épargnée ? Hurler avec les loups contre le wokisme à l’université n’épargnera pas les professeur.es d’université lorsque la droite aura décidé de diminuer leurs pensions et de remplacer leur nomination par des CDI. Cela s’avèrera pratique quand il faudra imposer une augmentation de la charge de cours.
L’enseignement est un continuum de la maternelle à l’université; c’est donc tous ensemble qu’il faut le défendre
Austérité et vision de société
Les règles budgétaires que se sont imposés les Etats membres de l’Union Européenne ont tracé les contours des années à venir : il faudra réduire les déficits et le taux d’endettement. D’ici 2029, en Belgique, il faudrait économiser 27 milliards d’euros dans le budget de l’Etat. A cela s’ajoutera probablement une augmentation des dépenses militaires. Nous continuerons donc à payer nos impôts mais cet argent ira vers le secteur financier et l’industrie de l’armement plutôt que d’être redistribué de manière solidaire.
A ce titre, les mesures déjà prises par le gouvernement MR/Engagés en Fédération Wallonie-Bruxelles ou celles annoncées par le gouvernement de droite sans doute amené à se mettre en place au niveau fédéral est un catalogue des horreurs. Au nom d’une austérité généralisée, ce sont bien les plus fragiles, les services publics et les revenus du travail qui sont d’abord attaqués. Le contenu des négociations sur la formation du gouvernement fédéral le montre de façon éclatante : « l’austérité », brandie comme un mot d’ordre, ne vise pas les revenus du capital (ou si peu) ou les multinationales ; elle cible délibérément ce qui fait le ciment d’une société solidaire : le soin, la redistribution des richesses, la sécurité sociale. Il faut le dire et le redire, « l’austérité » n’est pas une rationalité économique, c’est une vision de société qui profite aux plus riches et aux plus puissants!
Cette vision de société est celle d’une société-entreprise où tout, absolument tout, est conçu comme devant générer des revenus. La mise en adéquation de l’enseignement avec la demande des entreprises est une déclinaison de cette vision marchande, la libéralisation de la recherche scientifique en est une autre, avec à la clé une influence très claire sur les contenus transmis. A l’université, les chaires financées par les entreprises en sont l’exemple : comment ne pas imaginer que seule la vision néo-libérale du monde y sera défendue? A minima, les discours critiques n’y seront pas les bienvenus, de peur de trop mordre la main qui nourrit. Et avec un CDI révocable, il sera plus difficile encore de s’y opposer.
Allant dans le même sens, la précarisation généralisée du travail qui est promise (voir annonces sur le travail de nuit, le travail du dimanche et la dérégulation générale de la protection au travail) rend beaucoup plus sensible aux pressions de toutes sortes. Comment résister quand (on a l’impression que) notre survie même est en jeu ?
Pour faire oublier cela, outre la technique classique de « faire diversion » en lançant l’opinion publique sur des sujets médiatiques, la tactique utilisée par ces gouvernements de droite est une tactique de division : inventer des « privilèges » et dresser les travailleurs précaires contre les personnes au chômage ou qui bénéficient d’allocations sociales, dresser les agent.es statutaires contre celleux qui vont se voir proposer un CDI, dresser les agent.es des services publics contre les travailleur.euses du secteur privé.
Face à cette tactique de division, ces stratégies de rupture des solidarités, à ces façons d’organiser la pénurie entre les moins nantis au profit des plus nantis, il est important de rester soudés, de ne pas se laisser prendre au piège de l’organisation corporatiste, de la défense de son pré carré.
Plus que jamais, l’organisation collective, notamment syndicale, est une nécessité; il faut qu’un vaste mouvement social se crée pour la défense d’une autre vision de société. Les gouvernements le savent bien : c’est là qu’est notre force. C’est pourquoi leurs premières attaques cherchent à marginaliser les syndicats, à contourner la concertation et la négociation qui font le socle de notre démocratie et qui oppose un rempart à l’autoritarisme qui s’affiche de façon de plus en plus décomplexée et effrayante partout dans le monde.
Face à ce catalogue des horreurs, nos actions et revendications
1° Agir partout et surtout dans la rue!
Le 13 février et durant toutes les autres journées d’action qui suivront, il faudra imposer dans la rue le retour à une culture de la concertation et de la négociation avec les corps constitués et intermédiaires (les syndicats, les représentants des secteurs non-marchands, les fédérations d’associations). Nous le ferons par la mobilisation, en démontrant notre force et notre détermination.
2° Un enseignement de choix et subsidié à la hauteur des besoins
Pour ce qui est de l’enseignement, il faut marteler, sans cesse, que l’enseignement n’est pas au service de l’entreprise, mais un lieu de formation et d’émancipation pour tous et toutes. Dès lors, il doit être accessible, public, égalitaire et de qualité et doit laisser le choix à chacun.e de faire les études qu’il ou elle souhaite. Face aux défis climatiques, politiques et économiques à venir, plus que jamais il est nécessaire d’investir dans l’enseignement. Qui peut croire à un monde meilleur avec des jeunes moins instruits ? Pour être à la hauteur de cet enjeu, le retrait des mesures annoncées n’est pas suffisant; nous demandons non seulement la fin de l’enveloppe fermée pour les universités mais également une augmentation du financement de l’enseignement obligatoire et supérieur. Dans le supérieur, chaque étudiant.e doit être subsidié de la même façon quelle que soit l’école ou l’université dans laquelle il ou elle étudie.
Nous demandons également l’augmentation du montant des bourses allouées aux étudiant.es les plus précaires et l‘accès à des logements étudiant.es publics surtout dans les villes où la tension sur le marché du logement est devenue insupportable.
3° Maintien du statut d’enseignant et nominations
Pour les enseignant.es de l’enseignement obligatoire, nous revendiquons le maintien de leur reconnaissance d’agent.es statutaires et le passage beaucoup plus précoce à la nomination.
4° Revaloriser le métier d’enseignant
Nous revendiquons également l’augmentation barémique des enseignant.es, surtout pour ceux et celles qui enseignent dans les premières années du secondaire (et dont la durée des études a été augmentée) et le maintien de la reconnaissance des étudiant.es qui ont réalisé un master complémentaire en pédagogie. Vouloir des profs bien formés, c’est aussi bien les payer!
5° Fusion de tous les réseaux d’enseignement
Nous défendons la fusion de tous les réseaux d’enseignement pour obtenir un réseau unique et public.
L’histoire n’est jamais écrite à l’avance
Contre les tentatives de divisions, nous devons rester déterminé.es à défendre des conditions de travail et des pensions dignes pour tous et toutes, garanties par l’Etat et pas par le cours de la bourse.
Si nous nous mobilisons aujourd’hui en tant que membres de l’université, c’est parce que nous ne nous résignerons pas face à la médiocrité du futur qu’on nous promet. Si nous nous mobilisons, c’est pour défendre une certaine idée de l’université (accessible et démocratique), et, plus largement, pour défendre un enseignement public, égalitaire et émancipateur, et, au-delà encore, pour contribuer au mouvement social qui défend plus d’égalité, une meilleure redistribution des richesses et une démocratie, où la concertation et la négociation ne sont pas des gros mots.
C’est parce que l’histoire n’est jamais écrite à l’avance et parce que les mouvements sociaux sont aussi les lieux où circulent les idées et l’enthousiasme que nous vous invitons à rejoindre celui qui s’ébauche aujourd’hui!
Pour cette mobilisation, et les suivantes, nous aurons besoin de votre soutien. Rejoignez-nous et n’hésitez pas à vous affilier via ce lien.