Dans le cadre de la grève féministe, le local du personnel du nettoyage de l’ULB était bloqué ! On a eu l’occasion de revenir sur les problèmes liés à la sous-traitance et les contrôles abusifs que les travailleurs et travailleuses subissent. On a aussi projeté des bouts du film « Le balais libéré », on s’est mis d’accord pour réorganiser une projection bientôt (cette fois-ci à 18h et non plus à 6h du matin ! 😉 ) !

Voici la question qu’on a posé pour le prochain Conseil d’Entreprise du 20 mars et qu’on a lue sur le piquet:
Suite à la collecte de plusieurs témoignages de travailleurs et travailleuses du nettoyage, tous les membres du service des brigadiers chargés de contrôler le travail de nettoyage ont été écartés ou licenciés. Le rapport est lourd et fait état de harcèlement moral, sexuel, raciste et d’exposition à l’amiante. L’état de sous-traitance apparaît d’une part comme étant à la source de ces abus et d’autre part de leur maintien sous silence pendant plusieurs années.
Premièrement, la faiblesse des économies d’échelle dans le secteur du nettoyage implique que les firmes sous-traitantes ne peuvent augmenter leurs marges quasiment qu’en économisant sur le volume d’heures allouées au nettoyage, en négligeant certaines de leurs missions et/ou en intensifiant le travail y compris au détriment de la santé du personnel. L’engagement par l’université de brigadiers pour contrôler la firme prend acte de ce contexte, mais pose de graves difficultés. Le contrôle doit en principe porter sur les résultats mais il conduit en effet bien plus facilement, en cas de résultats jugés insatisfaisants, à la mise en cause du personnel de nettoyage plutôt qu’à la mise en cause des moyens alloués par la firme, d’autant plus que les brigadiers ne travaillent pas (ou plus) eux-mêmes dans le secteur du nettoyages et sont donc distants des réalités du travail. Les contrôles conduisent donc à mettre plus de pression sur le personnel de nettoyage plutôt que sur l’entreprise pour qu’elle alloue un nombre suffisent d’heures pour le travail à effectuer, et résultent, dès lors, presque automatiquement, d’un contrôle direct exercé par les brigadiers sur les personnes plutôt que sur les résultats. Dans cette situation, les relations interpersonnelles peuvent aussi impacter la sévérité des contrôles. Le contrôle des brigadier s’inscrit de surcroît dans un mille-feuilles de contrôles. Le travail est contrôlé chez ISS par le chef d’équipe et par le chef de site, puis par les brigadiers au niveau de l’université, et enfin par une entreprise externe chargée d’un contrôle supplémentaire. On peut se demander si tant de contrôles sont bien nécessaires et quel en est l’impact sur les conditions de travail et de santé des employé.es chargées du nettoyage.
Deuxièmement, la sous-traitance rend structurellement impossible le fait de faire remonter les problèmes dans l’organisation et les relations de travail. En effet, le personnel de nettoyage n’est pas considéré comme faisant partie du personnel de l’ULB, il est donc impossible pour nous, les syndicats, de demander des analyses de risque comme on le ferait pour d’autres services de l’université. Les syndicats d’ISS pourraient mener des analyses de risque mais celles-ci sont limitées lorsque le risque vient du client, les travailleurs d’ISS recevant des pressions de leur entreprise pour ne pas faire remonter les problèmes et fâcher le client (ici l’ULB). Le personnel d’ISS s’est donc retrouvé à la merci des brigadiers et sommé de taire les situations problématiques.
On pourrait ajouter que le modèle de la sous-traitance induit que tous les 4 ans, l’ULB fait un nouvel appel d’offre ce qui peut amener à ce qu’une nouvelle entreprise emporte le contrat. Avec cette nouvelle entreprise, les employés n’ont, d’un part, aucune garantie d’être repris plus de 6 mois et d’autre part, ils doivent renégocier tous les acquis (congés, augmentation de salaire, etc.) obtenus avec l’entreprise précédente. Nous avions déjà relayé ces fortes inquiétudes largement partagées par le personnel de nettoyage lors de précédents CE. De surcroît, étant donné les faibles économies d’échelle possibles dans le secteur, la compétition entre les entreprises se fait essentiellement sur le nombre d’heures allouées. In fine, c’est de nouveau sur le personnel de nettoyage que retombe la mise en concurrence. De façon très exceptionnelle, ISS s’est maintenu sur le campus après avoir été classé 2 fois seconde et après avoir gagné 2 fois des recours en justice. On se trouve donc dans une situation où la continuité pour les travailleurs et travailleuses dépend à la fois d’une compétition qui leur est défavorable et des aléas liés aux recours en justice menés par une entreprise privée.
Cela nous amène à poser les questions suivantes :
1) Maintenant que l’équipe des brigadiers a été dissoute, comment l’organisation du travail de nettoyage fonctionne-t-elle ? Prévoyez-vous d’engager de nouveaux brigadiers ? Si oui, le processus d’engagement sera-t-il suivi par une délégation de travailleurs ISS, seront-ils consultés et informés? En cas d’engagement, quelles formations devront avoir suivies les nouveaux brigadiers? Quelles compétences en nettoyage seront requises ? La nouvelle équipe respectera-t-elle un principe de mixité? Quelles mesures comptez vous mettre en place pour prévenir de nouvelles situations de harcèlement ? En cas d’éventuels nouveaux soucis avec les brigadiers, à qui le personnel du nettoyage doit s’adresser pour être entendu?
2) Quel dispositif a été mis en place pour assurer une distance entre les personnes reconnues comme ayant été victimes du harcèlement et les deux brigadiers écartés mais toujours engagés à l’ULB ?
3) La responsabilité de l’ULB, par le biais des brigadiers travailleurs de l’université, apparaît clairement, au moins, dans la mise en exposition à l’amiante. Les conséquences sur la santé peuvent être très graves (cancer et mort prématurée) mais elles peuvent se déclencher des années après l’exposition. Il convient donc de faire des diagnostics réguliers. Quel suivi médical comptez-vous prévoir pour les personnes qui ont été exposées ?
4) Envisagez-vous la réinternalisation du personnel de nettoyage ? Un argument régulièrement avancé pour s’opposer à la réinternalisation est la limite budgétaire de 80 % de masse salariale. Quelle est l’ampleur actuelle de la masse salariale totale en % du budget total ? Combien représente le budget alloué aujourd’hui au nettoyage en % du budget total ? Estimez-vous que la réinternalisation du personnel de nettoyage engendrerait un surcoût ? Si oui, de combien en % du budget ?









