L’université n’échappe aux rapports inégalitaires entre femmes et hommes. Le rapport sur l’état de l’égalité des genres élaboré par l’ULB en 2018 dresse un constat assez banal, mais qui vaut la peine d’être rappelé : la présence des femmes diminue avec l’ascension dans la hiérarchie. Si 60% de femmes et 40% d’hommes ont été diplômés de 2e cycle à l’ULB durant l’année académique 2017-2018,  le rapport s’inverse à la fin du doctorat dont sont diplômés 39 % de femmes et 61 % d’hommes. Au 1er février 2019, la répartition du personnel enseignant était de 34 % de femmes et de 66 % d’hommes et ce déséquilibre s’accentue durant la carrière.

Ces chiffres résultent de tendances structurelles qui rendent la carrière des femmes à l’université plus compliquée que celles de leurs collègues masculins. Les politiques d’excellence pénalisent en effet particulièrement les femmes en imposant pour être compétitive sur le marché de la recherche des séjours à l’étranger et une charge démesurée de travail, d’autant plus forte que l’université est sous-financée. Ces exigences sont particulièrement difficiles à combiner avec la maternité et avec le travail domestique, que notre société fait encore reposer essentiellement sur les femmes. De plus, l’Université reconnaît peu les tâches invisibles de coordination et de logistique (organisation de colloques, gestion des réunions, etc.) qui incombent davantage aux femmes. Par ailleurs, l’organisation du travail, marqué par des relations de hiérarchie et de dépendance fortes (notamment à l’égard du promoteur), mettent les chercheuses dans une0 position particulièrement vulnérable face au harcèlement (entre autres sexuel) de leurs supérieurs. Enfin, il est intéressant de noter aussi que la perception des inégalités varie selon les genres. Ainsi les hommes estiment davantage que les femmes que l’égalité des genres est réalisée. Puisque ce sont majoritairement ces derniers qui sont aux manettes de l’institution, la question du genre ne sera probablement pas suffisamment prise en compte dans les prises de décision.

L’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes doit être constamment recherchée, notamment en rendant systématique le remplacement des enseignantes en congé de maternité, par parallélisme avec les mesures de remplacement ou de prolongation des contrats appliquées au personnel scientifique ; l’injonction faite aux doctorant·es et aux enseignant·es de réaliser de longs séjours à l’étranger doit être évaluée à l’aune de cet objectif d’égalité des chances.